Malgré son orthographe
peut-être un peu complexe, aucun nantais n’aura de mal à prononcer le
terme de « Deurbroucq ». Et pour cause, l’un des plus beaux monuments de
leur ville porte ce nom. Mardi 2 décembre 2014, les habitants de Nantes redécouvriront une partie de leur paysage urbain à travers le double portrait des époux Deurbroucq,
qui avaient commandité l’édification en 1764 du bel hôtel particulier
éponyme. Situé sur l’ancien quai de l’Ile-Gloriette, il est le symbole
de la prospérité de ce couple originaire de Gand qui fit fortune dans le
commerce maritime. Leur double portrait est aujourd’hui mis en aux
enchères par la maison Couton Veyrac & Jamault depuis Nantes,pour une estimation oscillant entre 30 000 et 40 000 euros.
.
De style néo-classique, classé monument historique et abritant aujourd’hui le CHU et le tribunal administratif, la construction de l’hôtel particulier représente l’aboutissement logique de la carrière d’armateur de Dominique Deurbroucq. S’inscrivant dans la même optique, son portrait tend à glorifier la réussite sociale de sa famille, l’une des plus importantes de la fin du XVIIIe siècle nantais. Tous les éléments sont ainsi réunis pour exhiber la richesse du couple : la figuration des domestiques, la représentation du mobilier d’apparat et le raffinement des vêtements en sont des exemples probants. Deux motifs en particulier, tous deux présents sur le portrait de l’épouse Deurbroucq, retiennent notre attention : le perroquet gris du Gabon et la tasse de chocolat. Le premier, figuré perché sur le fauteuil, est un signe d’exotisme très apprécié, témoin des nombreux voyages que le couple est en mesure d’effectuer autour du globe. Le second, que Madame s’apprête à déguster, est un produit d’importation très coûteux à l’époque, une denrée rare du XVIIIe siècle que seules la famille royale et les grandes lignées mondaines peuvent se permettre d’obtenir.
De style néo-classique, classé monument historique et abritant aujourd’hui le CHU et le tribunal administratif, la construction de l’hôtel particulier représente l’aboutissement logique de la carrière d’armateur de Dominique Deurbroucq. S’inscrivant dans la même optique, son portrait tend à glorifier la réussite sociale de sa famille, l’une des plus importantes de la fin du XVIIIe siècle nantais. Tous les éléments sont ainsi réunis pour exhiber la richesse du couple : la figuration des domestiques, la représentation du mobilier d’apparat et le raffinement des vêtements en sont des exemples probants. Deux motifs en particulier, tous deux présents sur le portrait de l’épouse Deurbroucq, retiennent notre attention : le perroquet gris du Gabon et la tasse de chocolat. Le premier, figuré perché sur le fauteuil, est un signe d’exotisme très apprécié, témoin des nombreux voyages que le couple est en mesure d’effectuer autour du globe. Le second, que Madame s’apprête à déguster, est un produit d’importation très coûteux à l’époque, une denrée rare du XVIIIe siècle que seules la famille royale et les grandes lignées mondaines peuvent se permettre d’obtenir.
Réalisé par le peintre Pierre-Bernard Morlot
(1716-1784), actif à Dijon et Lunéville, « ce double portrait bénéficie
par ailleurs d’un historique complet jusqu’au propriétaire actuel qui en
a hérité dans les années 1960. Appartenant à la catégorie dite « de la
grande décoration » qui mêle un aspect décoratif et historique, c’est ce
caractère historique que les collectionneurs avisés retiendront »,
confie Maître Bertrand Couton. Ces deux huiles sur toile de 144,5 par
112,5 cm, exemple-type de la famille fortunée, incarnent donc le véritable manifeste de la réussite sociale et professionnelle du couple Deurbroucq.
Ces portraits furent longtemps conservés au château de Jarzé en Anjou,
où résidait le fils du couple. Mardi 2 décembre, ils retrouveront leur
ville natale pour être mis aux enchères par la maison Couton Veyrac
& Jamault.
La Gazette Drouot n° 40 du vendredi 21 novembre 2014 - Caroline Legrand
http://librairie-marine.com/documents/cargaisons/traite-lettre-change.html
http://librairie-marine.com/documents/connaissements/connaissement.htm
http://librairie-marine.com/documents/connaissements/connaissements-maritimes.html
La Gazette Drouot n° 40 du vendredi 21 novembre 2014 - Caroline Legrand
Entre histoire d’une grande famille et sombres heures du commerce triangulaire, une paire de portraits nous plonge au cœur du passé de la ville de Nantes... |
Tous les Nantais connaissent le nom des
Deurbroucq. Datant de 1769, l’hôtel particulier de cette célèbre famille
domine l’ancien quai de l’île-Gloriette et accueille aujourd’hui le
siège du CHU et le Tribunal administratif de la ville. Classé monument
historique, dû au célèbre architecte Jean-Baptiste Ceineray, il arbore
fièrement un riche style néoclassique – à la hauteur de la renommée de
ses propriétaires. Dominique Deurbroucq (1715-1782) était négociant et
armateur, d’origine hollandaise comme de nombreux confrères, mais aussi
comme son épouse Marguerite Urbane Deurbroucq, née Sengstack
(1715-1784), fille d’un riche négociant. Une union sans équivoque,
affichant la volonté d’accroître sa puissance et sa fortune. Spécialisé
dans le commerce des vins et des alcools entre l’Afrique, l’Amérique et
l’Europe du Nord, Dominique Deurbroucq s’est également engagé dans une
carrière politique, qui lui apporta la reconnaissance sociale souhaitée.
Consul de Nantes en 1758, il devient dix ans plus tard «conseiller
secrétaire du roi en sa chancellerie près le parlement de Bretagne»,
puis juge du tribunal de commerce. Réalisés par le mystérieux peintre
dijonnais Morlot en 1753 – comme l’indique la lettre placée sur le
bureau de monsieur –, ces portraits sont restés dans la famille depuis
leur origine, passant des collections de l’hôtel particulier à celles du
château de Jarzé, acquis par le fils de Dominique. Dans un cadre
somptueux, sa bibliothèque meublée de superbes modèles Louis XV,
Monsieur, sérieux, s’occupe de ses affaires, tandis que Madame,
richement vêtue boit son chocolat, le comble du luxe en ce XVIIIe
siècle, mais aussi l’une des denrées phares du commerce triangulaire.
Perché sur le dossier, le perroquet gris du Gabon évoque aussi l’arrivée
en Europe d’animaux et autres plantes inconnus jusque-là. Chacun de nos
personnages est représenté en compagnie de son serviteur noir, à
l’arrière. La jeune femme apporte le sucre afin d’atténuer l’amertume
d’un cacao servi presque pur à l’époque, tandis que le jeune homme
s’occupe d’un chien tout en écoutant avec attention son maître. Les
esclaves noirs font alors partie de la vie quotidienne de ces armateurs.
Du début du XVIIIe siècle à 1830, la ville de Nantes a d’ailleurs
largement participé à leur commerce, et de nombreux réticents au-delà,
malgré les interdictions puis l’abolition de l’esclavage, en 1848, grâce
au combat de Victor Schœlcher. Sa flotte représentait durant cette
époque près de 50 % des expéditions négrières françaises et ses navires
auront transportés un plus de 550 000 esclaves noirs. Nos deux œuvres
élégantes et classiques renvoient ainsi l’image d’une époque révolue de
conquête et de domination. Courageusement, dans les années 1990, les
Nantais ont choisi d’assumer ce devoir de mémoire, afin d’avancer
sereinement vers un avenir de coopération et d’aide avec l’Afrique. Un Mémorial de l’abolition de l’esclavage a ainsi été inauguré en 2012. http://librairie-marine.com/documents/traite/esclavage.htm http://librairie-marine.com/documents/cargaisons/fret-maritime.htm http://librairie-marine.com/documents/cargaisons/lettres-commerce.html |
http://librairie-marine.com/documents/connaissements/connaissement.htm
http://librairie-marine.com/documents/connaissements/connaissements-maritimes.html