lundi 5 mai 2014

les forçats...documents maritimes vente du 16 mai 2014

1 000 - 1 200 €
[CHAÎNE]. Lettre signée par Couturier, "Capitaine des Chaînes", 18 août 1784. Cahier de 6 pages et demie in-fol. lié d'un ruban bleu. Rapport détaillé du transport de prisonniers de Bicêtre à Dunkerque, pour être déportés à l'île de Ceylan. Il s'est rendu le 3 août "à Bicestre où j'ai fait enchaîner par un poignet et par une jambe les 116 prisonniers destinés pour la légion de Luxembourg, à l'effet de les conduire à Dunkerque. Ces prisonniers ont beaucoup murmuré de cette opération (...) alors je les fis joindre 22 et 24 ensemble pour former cinq bandes, c'est-àdire une pour chaque voiture avec un cordon de chaîne où répondroient celles qu'ils avoient à la jambe et au poignet, après ce travail, à 4 heures du matin, ils descendirent de la salle où ils avoient couché, dans la cour, là ils dirent qu'ils ne monteroient point en charrette si on ne leur donnoit un coup d'eau de vie que je crus devoir leur accorder"... Malgré cela, il a fallu pérorer encore deux heures et demie pour les décider à monter dans les voitures... À la Villette, où ils s'arrêtèrent pour faire rafraîchir les chevaux, les enchaînés firent "beaucoup de tapage, invectivèrent les gardes en leur jettant le pain qu'on leur avoit donné à Bicestre ainsi que le fromage et le vin que je venois de leur faire distribuer, et annoncèrent le projet d'une révolte"... Il raconte les troubles lors du ravitaillement à Louvres, son recours réitéré à la maréchaussée, les menaces de part et d'autre, le projet assassin qu'il apprit en soudoyant plusieurs d'entre eux... Leur route les mena de Senlis à Pont-Sainte-Maxence, Estrées-Saint-Denis, Cuvillers, Roye, Marchélepot, Péronne, Fins, Cambrai, Lille, Armentières, Bailleul, Cassel. À l'approche de Dunkerque, il reçut du commandant de la ville un double détachement de troupes commandées par un officier: "je plaçai le tout autour des voitures; mes prisonniers virent avec peine que tous leurs projets devenoient sans effet, ils m'appellerent et me dirent: que toute la bande qui les composoit etoient les plus fins des hommes, mais que je l'avois été plus qu'eux (...), qu'ils s'etoient juré entr'eux qu'aucun n'iroit à Dunkerque, ou qu'ils se feroient plutôt tuer l'un après l'autre, que sy j'eusse pris ce parti de rigueur qu'ils nous auroient tous massacrés à commencer par moy"... Le 13, il déposa tous les 116 à la prison de la Conciergerie: "ils vomirent mille horreurs et autant d'injures. Je partis de Dunkerque (...) avec la satisfaction de savoir qu'une garde plus que suffisante les conduiroient vers les 5 heures après midy dans un vaisseau qui les attendoit au port pour passer tout de suite à Flesseing et de là qu'ils s'embarqueroient pour aller à l'isle de Ceylan"...




CHOQUET DE LINDU (Antoine)
2 000 - 3 000 €
Description du bagne, pour loger à terre, les galériens ou forçats de l'Arsenal de Brest. Relié à la suite: - Description des trois formes du port de Brest. Brest, Imprimerie de Romain Malassis, 1759-1757. 2 ouvrages en un volume grand in-folio de 4, (3) pp. entièrement gravées ("Renvoi des plans et profils"); 10, (5) pp. et 12 planches: demi-veau brun, pièce de titre de maroquin havane (reliure moderne). Édition originale; peu commune complète. La réunion des deux ouvrages renferme 12 grandes planches repliées hors textes, ainsi que trois vues gravées.Le bagne de Brest par son concepteur. Marin et ingénieur brestois, Choquet de Lindu (1712-1790) oeuvra pendant quarante ans à Brest où il édifia des cales de construction, les bassins de Pontaniou, un hôpital et le bagne. Démoli en 1947, il ne reste rien du magnifique bâtiment qui se développait sur 260 mètres et deux étages, doté d'installations sanitaires remarquables. Les dortoirs, inspirés de ceux des galères, abritaient la nuit les forçats dont les chaînes étaient assujetties au pied de leur banc avec une tringle en fer. "Le seul et véritable point noir du bagne de Brest fut son surpeuplement. Prévu à l'origine pour 2000 hommes, il en compta près de 4000 sous le Premier Empire" (Petit, Histoire des galères, bagnes et prisons, 1991, pp. 219-221.- Polak, Bibliographie maritime française, n° 1732.) Quelques planches renmargées.





400 - 600 €
Décret de l'Assemblée nationale, des 16, 19 et 21 août 1790. Code pénal pour être exécuté sur les vaisseaux, escadres et armées navales, et dans les ports et arsenaux. Paris, Baudouin, [1790]. On joint: Rapport sur les peines à infliger dans l'armée navale, et dans les ports fait au nom du Comité de la Marine, dans la Séance du 16 août 1790. Paris, de l'Imprimerie nationale, 1790. Ensemble 2 plaquettes in-8, veau rouge souple, pièce de titre de veau taupe bordée de revorim sur le plat supérieur, non rognées, chemises-étuis (Jean de Gonet). Rares éditions originales. La cale ou la bouline ? Le nouveau code pénal maritime, suivi comme il convient du Rapport sur les peines à infliger, passe pour être plus clément au chapitre des peines, sous l'influence de Nompère de Champagny qui fut un des premiers à se joindre au tiers état. Il n'en est rien puisque subsistent les "fers avec chaîne traînante", les terribles trois jours à cheval sur une barre de cabestan, la bouline (le condamné, mains liées, passe entre deux haies de matelots qui le frappent d'un coup de corde) et le supplice de la cale, où le coupable, attaché à un cordage, est précipité à la mer depuis la grande vergue, à une ou plusieurs reprises. Le code ne dit rien de la "grande cale", quand le mutin attaché est jeté par dessus bord pour être remonté par l'autre bord du navire. Ces châtiments ne seront supprimés qu'en 1848. En réaction contre les institutions de l'Ancien Régime, le code mit le feu aux poudres. Il déclenchat notamment la mutinerie des équipages de l'escadre de Brest (1790-1791), encouragée par la municipalité jacobine et aggravée par l'émigration en masse des officiers. On a pu dire que la destruction de la Marine française est l'oeuvre de la Révolution. Exemplaire finement relié par Jean de Gonet.






150 - 200 €
[BAGNE]. Le Forçat, ou vingt ans de galères, contenant la vie et les aventures des plus célèbres voleurs qui ont été condamnés aux fers, et des détails curieux sur les bagnes de Rochefort, Toulon, Brest et Lorient. Paris, Delarue, Chassaignon, Breton, 1830. In-8, demi-chagrin noir, dos à nerfs, non rogné (reliure vers 1880). Édition originale. Elle est ornée d'une planche lithographiée dépliante hors texte, coloriée et gommée, représentant une exécution publique. Mémoires d'un délinquant repenti relatant ses "égarements et leurs funestes résultats pour l'instruction de ses semblables, et pour préserver de la contagion cette classe trop nombreuse de jeunes gens qui, livrés à eux-mêmes, s'abandonnent à leurs passions et ne connaissent aucun frein". Plaisant exemplaire, non rogné.








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