jeudi 21 mai 2015

portulans


PORTULAN. — Carte manuscrite de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. [Batavia ?, XVIIe siècle]. Fragment manuscrit de 147 x 297 mm sur parchemin, servant de reliure, conservé sous emboîtage de maroquin vert (Ateliers Laurenchet). G. Schilder & Kok, Manuscript charts on vellum in use by the VOC, n°18.07. Belle carte marine dressée à l'encre et rehaussée de couleurs, couvrant la zone de la mer de Chine orientale à l'ouest de l'île japonaise de Kyushu, depuis la petite île d'Eno au sud jusqu'à l'île de Tsushima (Taquiexima) et Shimoneseki au nord. On y voit la côte occidentale de Kyushu: la baie de Kagoshima (Borcht van Gadfio), la baie de Deshima (Borcht van Decima), Nagasaki (Langesackqui), ainsi que les îles de Goto, de Hirabo (I. Firando), etc. La plupart des toponymes sont écrits à l'encre rouge en néerlandais. Cette sorte de carte prototype était utilisée par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) au XVIIe siècle pour la navigation vers le Japon avant d'être reproduite dans les bureaux de la Compagnie à Batavia. La carte originale dont faisait partie ce fragment devait être très proche de la carte standard dite de Formose au Japon, qui était également rehaussée de couleurs et comportait les noms cités à l'encre rouge: elle devait couvrir la zone allant de la côte chinoise de Shantou au sud-ouest jusqu'à la Corée et le sud du Japon au nord-est, montrant ainsi Formose et les îles Ryukyo. Le plus ancien spécimen de ce type de portulan est la carte dessinée par Johann Blaeu en 1667. Spectaculaire fragment d'une des rares cartes portulans conservées de cette zone géographique si importante pour l'empire colonial hollandais. Cette carte recouvre l'ouvrage suivant: [STICHTER (Johannes)]. Oude en Nieuwe Lofsangen, Die gemenelyk Gezongen worden op de Geboorte ons Heere Jesu Christi. Van Kersnagt tot Maria Ligte-miise toe. Amsterdam, T. Crajenschot, s.d. [vers 1755]. Petit in-8. Très rare livre de chants religieux en néerlandais, dont les exemplaires connus se comptent sur les doigts d'une main (cf. Scheurleer, Nederlandsche liedboeken, p. 251)







[PORTULAN]. RUSSO (Jacobo). estimation 60.000/80.000 euros..........


Portulan de la Méditerranée. Jacobus Russus me fecit in nobili civitate Messane Anno D[omi]ni 1588. Messine, 1588.

Manuscrit sur parchemin, 52 x 83,5 cm. Précieuse carte-portulan couvrant tout le bassin méditerranéen, exécutée à Messine en 1588 par Jacobo Russo. Les limites de la carte sont : au nord, les côtes de la Provence et de la Ligurie ; au sud, les côtes de l'Afrique du Nord ; à l'ouest, les côtes atlantiques de la Péninsule Ibérique et de l’Afrique du Nord ; à l'est, la Mer Noire et la Mer Rouge. Sur la languette est dessinée une représentation de la Vierge à l'Enfant tenant un globe terrestre. Un peu plus bas à droite figure la mention Jacobus Russus me fecit in nobili civitate Messane Anno D[omi]ni 1588.
Cinq roses des vents, enluminées en rouge, vert et noir, sont disposées autour d'une rose centrale de 32 directions. Les points intermédiaires des roses des vents ont les lettres M (Mistral ou nord-ouest), G (Greco ou nord-est), L (Libeccio ou sud-ouest), S (Sirocco ou sud-est). Les bords supérieur et inférieur de la carte sont munis d'une échelle graduée. Les toponymes, écrits perpendiculairement aux côtes, sont d'une écriture claire et régulière. Le vermillon est utilisé pour les ports les plus importants, le brun pour les autres. Quelques grandes îles comme la Sicile et Candie (Crète), quelques presqu'îles importantes telles que la Morée ou la Crimée, les estuaires du Dniepr et du Nil, sont cerclés de vert, tandis que la Sardaigne ou Eubée sont cerclées de vermillon. Minorque est entièrement peinte en rouge, tandis que Majorque est peinte de bandes rouges et noires. Les bancs de sable sont pointillés de rouge. La Mer Rouge est striée de traits rouges.
Aux emplacements de Gênes et de Venise figurent deux grandes vignettes montrant un dessin de la ville (celui de Gênes est reconnaissable à son port). Onze autres vignettes, de taille moins importante, ont été dessinées à proximité de Lisbonne, Barcelone, Avignon, Raguse (Dubrovnik), et le long des côtes de l'Afrique (dont Le Caire et Alexandrie). Trente-cinq drapeaux de onze nations sont dispersés à travers la carte, parmi lesquels on reconnaît la fleur de lys de la France, le croissant de l’Empire Ottoman, les blasons du Portugal et de la République de Gênes. Bien avant que les Oliva ne s'y installent, ce sont les Russo, Pietro puis Jacobo (probablement père et fils), qui ont dessiné les premiers portulans dans la ville de Messine. Le premier portulan connu de Petrus Rubeus ou Pietro Russo est daté de 1508, le premier portulan de Jacobo Russo est daté de 1520.

Le nom de Jacobo Russo était tout-à-fait inconnu des historiens de la géographie, quand l'écrivain génois M.-G. Canale le mentionna dans son Histoire du commerce, des voyages, des découvertes et des cartes nautiques des Italiens, publiée en 1866. Neuf ans plus tard, en 1875, les bibliographes Amat de S. Filippo et G. Uzielli achevaient leur ouvrage sur l'histoire de la géographie en Italie, dans lequel ils avaient recensé trois portulans de Jacobo Russo, à Parme, Turin et Florence, tous trois représentant le bassin méditerranéen.

Deux autres portulans furent par la suite découverts, l'un appartenant au sénateur G. Cittadella à Padoue, et l'autre au comte de San Martino de Valperga. Soit au total cinq portulans : le premier, daté de 1520, est aujourd'hui conservé aux archives d'État de Florence ; le deuxième, appartenant au comte de Valperga, porte l'inscription "Jacobus Russus me fecit in nobili civitate Massanæ a.d. 1535". Le troisième, aujourd'hui conservé à la Biblioteca Palatina de Parme, porte la même signature et la date de 1549. Le quatrième, conservé à Turin et daté de 1565, ressemble de très près à celui de Florence. Le cinquième, de la collection Cittadella, est de 1588. Un portulan daté de 1557, a fait l'objet d'une étude par le Dr. Hamy en 1888. Comme on peut le constater, les œuvres portant le nom de Jacobo Russo s'échelonnent sur plus de soixante années, entre 1520 et 1588, on peut donc supposer qu'il y a eu deux Russo, portant l'un et l'autre le prénom de Jacobo (on trouve également les variantes Jacopo ou Giacomo), et se succédant à Messine. En dehors de ces six portulans identifiés et décrits à la fin du XIXe, nous en avons localisé onze autres dispersés dans les collections publiques européennes.
La Bibliothèque Nationale de France conserve deux portulans de Pietro Russo, aucun de Jacobo Russo. Exemplaire en bon état général de conservation, présentant néanmoins quelques défauts : parchemin jauni, plus particulièrement au dos, piqûres et petites mouillures, bordures écornées avec de légers manques sans atteinte au dessin, petits trous dont un plus important au niveau de l’Espagne, cinq déchirures dans la partie haute du portulan, dont les sutures, maladroites, ont été refaites postérieurement, quelques traces de frottement, plus prononcées au niveau de la représentation de la Vierge, légère trace de coulure au niveau d’un étendard de couleur rouge.
Mention manuscrite au dos "Collection de Mr Henri Heulz".
Peut-être s'agit-il de Henri Heulz, lithographe du XIXe. Roberto Almagià, I lavori cartografici di Pïetro e Jacopo Russo, Accademia Nazionale dei Lincei, Serie VIII, vol. XII, fasc. 7-10, 1957 ; G. Uzielli & P. Amat di S. Filippo, Studi biografici e bibliografici sulla storia della geografia in Italia. Mappamondi, carte nautiche, portolani, ed altri monumenti cartografici specialmente italiani dei secoli XIII-XVII, Rome, 1875 ; E.-T. Hamy, Note sur une carte marine inédite de Giacomo Russo de Messine (1557), 1888 ; Cesareo Fernández Duro, Cartas náuticas de Jacobo Russo (siglo XVI), Boletín de la Real Academia, Madrid 1888, pp. 314-319 ; Julio Rey Pastor & Ernesto Garcia Camarero, La Cartografía Mallorquína, Madrid 1960 ; Bibliothèque Nationale de France, L'Âge d'or des cartes marines, sous la direction de Catherine Hofmann, Hélène Richard et Emmanuelle Vagnon, Paris 2012.












PLACIDO CALOIRO et OLIVA [atelier de]

[Portulan de la Méditerranée].
Messine, entre 1621 et 1665.71,5 x 44,5 cm.Carte-portulan enluminée sur vélin représentant le bassin méditerranéen.Les éléments décoratifs ainsi que les archipels sont coloriés en bleu, vert et rouge. Les noms des villes et localités côtières, très serrés, sont tracés à l'encre rouge ou bistre; ceux des régions et des États, de plus grand format, à l'encre bistre. Les fleuves sont tracés en bleu. Le portulan est abondamment orné, notamment de 2 grandes roses des vents, d'une demi-rose ainsi que de 13 roses de plus petit format. Une magnifique échelle ornée de 22 cm est inscrite à l'intérieur de l'Afrique du Nord. De nombreuses montagnes, représentées schématiquement, ornent la carte ainsi que quelques palmiers en Afrique du Nord. Au levant, trois lieux spécifiques sont figurés: le Monastère de Ste-Catherine, le Mont Calvaire avec 3 croix et le fleuve Jordan. Mais la représentation la plus inhabituelle est celle localisée en Anatolie: l'Arche de Noé au sommet du Mont Ararat.
Manque de vélin d'environ 30 cm de large dans la partie occidentale du portulan et manque de quelques millimètres à droite de la partie orientale avec une perte plus importante dans l'angle inférieur. En dehors de ces défauts, le portulan est en bon état, les coloris sont demeurés vifs et les tracés nets.
Cartographiquement ce portulan est typique de la production du milieu du 17e siècle, que ce soit par l'étendue de la région représentée que par le peu de détails figurés à l'intérieur des terres. Pendant des siècles précédant la production de cette carte, la plupart des cartes nautiques présentaient une rotation d'environ 9° dans le sens contraire des aiguilles d'une montre afférente à la déclinaison magnétique en Méditerranée. Bien qu'au milieu du 17e siècle certains cartographes aient identifié le décalage et indiqué la vraie route géographique, l'auteur de cette carte a choisi de suivre le modèle traditionnel de rotation.
Une anomalie est à noter en Mer Noire. Seul le quart sud-ouest de la mer est figuré, alors que, sur une carte de cette époque, on s'attend à voir figurer la totalité de la mer. De même la représentation de la Crimée est plutôt schématique alors que des relevés beaucoup plus précis étaient accessibles aux cartographes de l'époque. On peut seulement spéculer sur les raisons de cette représentation. Il se peut que cette carte ait été commandée par un Capitaine dont le commerce se limitait à la Mer Méditerranée et aux mers adjacentes.
Le système de 32 lignes de rhumb centré ici sur la Sicile, coïncide avec la patrie de Placido Caloiro et Oliva, a qui est attribué ce portulan.

Attribution:
Cette carte a été étudiée par Monsieur Richard Pflederer, spécialiste reconnu en histoire de la cartographie et plus spécifiquement dans le domaine des cartes-portulans.
Une majorité de cartes-portulans portent le nom de leur auteur et une date.
La carte présentée ne porte aucune indication mais il est fort probable que ces informations étaient inscrites sur la partie occidentale manquante.
Cependant le portulan montre de nombreuses similitudes avec l'oeuvre de Placido Caloiro et Oliva. La comparaison avec 5 cartes connues comme étant de sa main, fait apparaître plus de 20 points de concordance, que ce soit du point de vue cartographique ou de la décoration. Les zones spécifiquement étudiées sont le Détroit de Gibraltar, la Sicile, Chypre et la Crète ainsi que le tracé côtier de l'Afrique du Nord. En outre, l'échelle ornée, les roses des vents, les palmiers, le Mont Calvaire et la représentation schématique de la rivière Jordan, correspondent parfaitement au travail de Placido Caloiro et Oliva. De même le tracé et la forme de l'embouchure de fleuves importants comme le Nil ou le Rhône, sont similaires à ceux de Placido Caloiro et Oliva.
Cependant cette carte présente quelques différences avec la production de Placido Caloiro et Oliva. La plupart des cartes produites par celui-ci comprennent une vingtaine de vignettes figurant des villes, cette carte n'en possède aucune. D'autres cartes de sa main figurent des soldats et des animaux, celle-ci est vierge de ces représentations. Enfin le tracé des côtes et le graphisme des noms de lieu ne semblent pas aussi précis que sur ses autres cartes. Cependant certaines différences notables peuvent apparaître au cours d'une carrière couvrant plus de 40 ans d'activité.
Quoi qu'il en soit, l'attribution à l'atelier de Placido Caloiro et Oliva se justifie largement et une attribution à Placido Caloiro et Oliva, lui-même, est crédible. On peut en déduire que la date de production de cette carte se situe entre 1621 et 1665.

Famille Caloiro et Oliva.
Cette famille est apparemment une branche de la famille Oliva qui inclut une douzaine de cartographes à avoir signé cartes marines et atlas entre 1538 et 1673. La forme du patronyme varie selon les décades et les siècles, en fonction du lieu d'activité de l'atelier. On trouve les formes suivantes: «Oliva», «Ollive», Ollives», «Olivo» ainsi que «Caloiro et Oliva». Trois membres de la famille Caloiro et Oliva, ont signé des cartes entre 1621 et 1665, mais la majorité d'entre elles (32 cartes) sont signées par Placido entre 1621 et 1673. Cinq autres cartes-portulans/atlas lui sont également attribuées. Alors que beaucoup de membres de la famille Oliva ont déplacé leur activité dans huit différents ports, passant par Messine, Barcelone et Venise, toutes les productions de Placido sont signées à Messine.

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